
Equipe volume :
Coordinatrices : Simona NECULA, Rennie YOTOVA
Rédactrice : Simona NECULA
Correctrice : Larissa LUICĂ
DTP : Florina FLORIȚĂ
Couverture et illustration graphique : Alexandra ILINA
Appel à candidatures
Auteures par pays
Albanie
Manjola Brahaj
Belfjore Qose (Zifla)
Arménie
Tsov alizé Banuchyan
Sune Sevada
Bosnie-Herzégovine
Vladana Perlić
Adisa Bašić
Bulgarie
Lora Dinkova
Yordanka Beleva
Chypre
Valentine Stavrou
Erato Ioannou
Croatie
Ana Brnardić
Olja Savičević Ivančević
Estonie
Andra Teede
Merlin Piirve
Géorgie
Lia Liqokeli
Téa Topouria
Grèce
Danae Sioziou
Pavlina Marvin
Hongrie
Tímea Túri
Zsuzsa Emese Csobánka
Kosovo
Sibel Halimi
Ilire Zajmi
Ex-République yougoslave de Macédoine
Bistra Kumbaroska
Rumena Bužarovska
Monténégro
Dragana Tripković
Jelena Gošović-Perović
Pologne
Sylwia Gibaszek
Anna Dziewit-Meller
République de Moldavie
Maria Pilchin
Zina Zen
République Tchèque
Olina Stehlíková
Karla Šťastná
Roumanie
Domnica Drumea
Lavinia Braniște
Serbie
Vesna Špirić
Tamara Lujak
Slovaquie
Martina Grmanová
Svetlana Žuchová
Slovénie
Miljana Cunta
Alenka Koželj
Ukraine
Nadia Telentchuk
Kateryna Babkina
Remerciements
La Roumanie accueille les 1er et 2 novembre 2017, La Conférence des femmes de la Francophonie. Cet événement nous a fait rêver, nous, les codirectrices du volume Simona Necula et Rennie Yotova, et imaginer le projet « Les femmes (se) racontent. Expériences dans les Pays de l’Europe Centrale et Orientale ».
Donner une voix aux femmes, leur proposer de (se) raconter et d’écouter d’autres expériences féminines, tel est l’objectif du Centre Régional Francophone de Recherches Avancées en Sciences Sociales (CEREFREA Villa Noël) et de l’Organisation Internationale de la Francophonie pour le présent recueil. Il comprend quarante-deux textes dont vingt-et-un poèmes et vingt-et-une nouvelles, écrits par des femmes poètes et nouvellistes de vingt-et-un pays de l’Europe Centrale et Orientale, chaque texte étant précédé par une illustration graphique éloquente. Notre appel s’est adressé aux jeunes écrivaines de maximum quarante ans originaires d’Albanie, Arménie, Bulgarie, Bosnie-Herzégovine, Chypre, Croatie, Géorgie, Estonie, Grèce, Hongrie, Kosovo, Lettonie, Lituanie, Ex-République yougoslave de Macédoine, Moldavie, Monténégro, Pologne, Roumanie, République Tchèque, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Ukraine.
Ce recueil est le premier d’une longue série de volumes qui seront publiés dans la collection Francophonie et droits humains du CEREFREA et dans le cadre de l’axe de recherche du même nom, soutenu par l’OIF depuis sa création en 2016 et dirigé par Simona Necula et Larissa Luică, chercheures au CEREFREA. Plusieurs colloques internationaux ont déjà été organisés et donneront lieu à plusieurs ouvrages publiés à la fin de cette année et en 2018. Les colloques L’égalité femme-homme dans et par l’éducation. Perspectives croisées : engagements nationaux et internationaux dans et pour les PECO (2016), Les représentations de l’étrangère dans la littérature et l’art cinématographique au Maghreb (2017) et Les violences faites aux femmes dans les PECO. Tolérance zéro (2017) donneront le nom des actes des colloques. D’autres ouvrages à publier prochainement, tel celui de Larissa Luică, sont le résultat de recherches individuelles dans le cadre des études doctorales ou autres : Je e(s)t un autre. Ecriture autobiographique et pseudo-autobiographique dans l’œuvre de Driss Chraïbi.
Nous tenons à remercier, en premier lieu, l’équipe du projet qui, dans un délai très court, s’est mobilisée pour réaliser le volume dans les meilleures conditions : Simona Necula (codirectrice), Rennie Yotova (codirectrice), Larissa Luică (correctrice), Alexandra Ilina (illustratrice), Florina Floriță (graphiste DTP).
Deuxièmement, nous remercions les écrivaines qui ont répondu à notre appel à contributions. Nous regrettons de ne pas avoir pu sélectionner tous les textes reçus.
Troisièmement, nous remercions les traducteurs, ces passeurs culturels, qui ont réalisé un beau transfert de la langue d’origine des écrivaines dans la langue française.
Et non pas dernièrement, nous tenons à remercier les spécialistes et les écrivains qui nous ont recommandé des textes, là où il n’y a pas eu de propositions, ou nous ont facilité tout simplement le choix. Nous remercions aussi les amis qui ont distribué l’appel. Nos chaleureux remerciements au poète et traducteur Mircea Dan Duță sans le soutien duquel le présent volume n’aurait pas pu voir le jour. Il nous a accompagnées jour et nuit avec des informations, des conseils et des envois de textes. Nous remercions aussi Simona Popescu, Adina Dinițoiu, Mădălina Spriridon de Roumanie, Mihaela Codreanu et Liliana Lupușor de l’Agence universitaire de la Francophonie pour l’Europe centrale et orientale, Ergisa Bebja de Alliance Française de Tirana, Elona Toro du Campus Numérique Francophone de Tirana, Erjana Kurti de l’Université de Tirana, Karine Grigoryan de l’Université d’État d’Erevan, Hasmik Abovyan, Arus Khachatryan, Margarita Khachatryan, Ashkhen Kartashyan d’Armenie, Katica Janeva de l’ALDA, Lejla Osmanović de l’Université de Sarajevo, Marie Vrinat-Nikolov et Simona Gotal de l’INALCO Paris, Dubart Bertrand de l’Institut français de Chypre, Mzaro Dokhtourichvili de l’Université d’État Ilia de Tbilissi, Tamar Khosrurashvili de l’Institut Français de Géorgie, Marianna Psilla de l’Université Panteion, Claire Garand de l’Institut Français de Budapest, Ágnes Orzóy de Magvető Publishing, Merita Gashi de Kosovo, Ana Raznatovic et Milica Nikic du Ministère des Affaires Etrangères de Monténégro, Petru Negură de l’Université Pédagogique de Chișinău, Roxana Țurcanu et Claudia Vișan de l’Antenne de Chișinău de l’Agence universitaire de la Francophonie en Europe centrale et orientale, Anne-Sophie Lelong de de l’Institut Français de Lettonie, Stanislas Pierret et Frédéric Constant de l’Institut Français de Pologne, Liliana Hermetz, Charlotte Grondin, Coordonnatrice des Alliances françaises en République Tchèque, Katarína Horňáčková de l’Institut Français de Prague, Sonja Filipović de Institut français de Serbie, Céline Malorey du Centre international d’études pédagogiques, Oleksandr Ustymenko. Nous espérons n’avoir oublié personne.
Qu’ils soient tous ici remerciés pour leur enthousiasme !
Simona Necula
Secrétaire générale CEREFREA Villa Noël
Introduction
La Conférence des femmes de la Francophonie « Création, innovation, entrepreneuriat, croissance et développement : les femmes s’imposent ! » mettra en avant l’apport des femmes dans toute la chaîne des valeurs et fera entendre la voix de ces femmes qui contribuent à l’avancement des sociétés. Venues des cinq continents les 1er et 2 novembre 2017 à Bucarest, elles vont témoigner de leurs expériences, innovations et créations. À cette occasion, de jeunes femmes écrivaines et poétesses de 21 pays membres et observateurs de la Francophonie de l’Europe centrale et orientale partagent dans ce volume leur univers, confient leurs rêves et affirment leur voix en (s)’écrivant.
Les femmes s’imposent à travers la création littéraire et dénoncent les violences subies. De ces textes émergent des filles rebelles et insoumises qui sont confrontées à la souffrance et la douleur auxquelles elles opposent leur détermination à défendre leur droit au bonheur, à révéler des failles sociales et affirmer l’écriture comme une force. Hélène Cixous définit l’écriture féminine dans son essai Le Rire de la Méduse (1975) et affirme que « la femme doit écrire elle-même : elle doit écrire à propos des femmes et les conduire à écrire. Elles ont été dépossédées de la littérature aussi violemment qu’elles l’ont été de leur corps. »
Ainsi les femmes parlent-elles de leur corps, transgressent les tabous, dénoncent l’exploitation du corps féminin. La nouvelle Moires de Pavlina Marvin (Grèce) est tirée d’un fait réel : la mort d’une prostituée malade de SIDA que personne n’a aidée à se réintégrer dans la société. Dans La Dot, Jelena Gošović-Perović (Monténegro) décrit les sentiments d’une femme au bord du suicide et dépressive qui parle d’une autre femme qui s’est suicidée par pendaison à cause de la violence conjugale. Anna Dziewit-Meller (Pologne) dans Mince ligne rouge plonge le lecteur dans une petite ville de province où une fille fait un « bon » mariage avec un jeune homme de bonne famille, le plus désiré célibataire de la ville. Peu à peu, leur relation se dégrade, il commence à la frapper, il se met en colère lorsqu’il apprend que leur premier enfant est une fille. Il est très content que le deuxième enfant soit un garçon, mais la violence ne s’arrête pas. La femme se réjouit chaque mois quand elle a ses règles parce qu’elle n’est pas de nouveau enceinte. « Je suis comme une collection de cicatrices, blessures et traumas » s’exclame Nadia Telentchuk (Ukraine). Dans la nouvelle Le noir du deuil d’Adisa Bašić (Bosnie-Herzégovine) une femme se réfugie fréquemment avec sa fille chez une amie à cause de son mari violent, qui est policier.
La lutte contre les violences faites aux femmes reste une préoccupation majeure pour l’OIF. La violence à l’égard des femmes a été définie par l’Assemblée générale des Nations Unies comme « Tout acte portant un préjudice physique, sexuel ou psychologique, dans la sphère privée comme dans la sphère publique ». En effet, en dépit des efforts considérables déployés par de nombreux pays du monde pour lutter contre la violence à l’égard des femmes, cette violation fondamentale des droits de la femme persiste. En ce sens les thèmes traités par les femmes des pays de l’Europe centrale et orientale dépassent les frontières d’une zone géographique et revêtent une valeur universelle, un destin commun de celles qui résistent au nom d’une humanité qui devrait de nouveau retrouver son visage.
Par ailleurs, la filiation est un fil conducteur dans certains textes qui rappellent l’importance du roman familial dans la constitution de l’identité des personnages féminins. Dans la nouvelle Kostya de l’Ukrainienne Kateryna Babkina, un grand-père devenu aveugle suite aux blessures subies pendant la guerre apprend à faire de la couture pour faire des robes à sa petite-fille. La complicité qui se tisse dure quelques années, jusqu’à ce que la fille devienne adolescente et commence à s’éloigner. Le grand-père meurt, mais quelques années après, la fille amène chez soi un jeune homme aveugle dont elle avait payé les frais d’hospitalisation. C’est ainsi qu’elle apprend que son grand-père lui avait laissé de petits messages écrits en langage braille, avec la machine à coudre, sur les photos. Tandis que la Bulgare Yordanka Beleva raconte dans la nouvelle La maturation de la photo l’histoire d’une grand-mère qui attend sa mort et qui respecte toutes les traditions balkaniques (des repas donnés à la mémoire des morts, des messes), elle est elle-même pleureuse. Elle détient huit photos de gens morts dans leurs cercueils, à commencer avec sa propre grand-mère qui est morte lorsque le premier « photographeur » est venu dans le village. Quand elle meurt à son tour, elle devient la neuvième photo. Pour sa part la poétesse estonienne Andra Teede explore ses origines en revisitant les spectres du passé historique :
du côté de ma mère nous sommes tallinnois depuis dix générations
il est donc difficile de dire d’où je viens
je viens des files d’attente pour le pain dans les années quatre-vingt-dix
des paquets envoyés par nos parents du Canada
Dans la nouvelle Mon père m’attend à la fontaine de Lavinia Braniște (Roumanie) une jeune femme de 30 ans décide de faire un test génétique pour voir ses origines lointaines. Le test suppose d’envoyer aux Etats-Unis une preuve de salive d’elle-même et de son père. Elle va donc de Bucarest à Braila, dans la maison de sa mère. Les parents sont divorcés depuis longtemps et la relation fille-père est quasiment inexistante. La mère la gave de nourriture et lui en donne même pour chez soi. La jeune femme, à l’insu de la mère, fixe un rendez-vous avec le père. Malgré le conseil de sa fille, il vient accompagné par sa femme actuelle, la troisième. Le rendez-vous est un échec total, ils n’arrivent pas à parler, la fille part très rapidement et rentre chez sa mère, renonçant même au test qu’elle voulait faire.
Enfin, ce recueil est marqué par une sensibilité rêveuse accentuée par les illustrations fines d’Alexanxdra Ilina. La poétesse Tsov alizé Banuchyan (Arménie) s’exclame
Quand pour la première fois on m’a permis de choisir ma
robe,
J'ai cru déjà tenir le monde dans mes mains,
Les rêves d’amour de ces femmes : « Je suis celle qui t’aimera / sans t’appartenir jamais ». Manjola Brahaj (Albanie) ; leur soif de liberté « Je t’ai mise au monde HERA / Pour voir ta liberté ! » Sibel Halimi (Kosovo) et leur indépendance « Rien ne t’oblige d’être comme tout le monde ». Vesna Špirić (Serbie) montrent que les femmes s’imposent en affirmant leur singularité, leur créativité et leur volonté d’affirmer et de construire un monde d’harmonie et de beauté.
Le volume Les femmes (se) racontent. Expériences dans les PECO fait partie de la Collection « Francophonie et droits humains » réalisée par le Centre Régional Francophone de Recherches Avancées en Sciences Sociales (CEREFREA Villa Noël) dont le dynamisme exemplaire contribue au rayonnement de la Francophonie dans les PECO. En mettant en lumière ces poésies et nouvelles écrites dans les langues nationales des auteures et traduites en français, nous valorisons la diversité culturelle. « La poésie ne doit pas périr. Car alors, où serait l’espoir du Monde ? » disait un des pères fondateurs de la Francophonie, le poète sénégalais Léopold Sédar Senghor. Nous souhaitons que ce volume contribue au « rendez-vous du donner et du recevoir » par les voix des femmes qui (se) racontent !
Rennie Yotova
Directrice du Bureau régional de l’OIF pour les pays de l’Europe centrale et orientale
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